Dr Howdy – Des phases lunaires

Cher Docteur,

Vous me trouvez actuellement fort marri, car je m’ennuie de façon extrêmement régulière.
En effet, un homme de science tel que vous n’est pas sans connaître une des particularités qui ne fait pas le charme des êtres féminins, que je qualifierais pour rester correct d’indisposition périodique lunaire.
Hélas, ventre-saint-gris, je suis un homme ! J’ai des besoins ! Et je ne puis accepter que, quelques jours par mois, ma virilité soit battue en brèche par Mère Nature. Aussi, je vous serais gré, monsieur, de me conseiller quant aux activités que je pourrais entreprendre afin d’occuper mon esprit (et mon corps) lorsque pareille déconvenue survient.

Dans l’espoir de vous lire,
Michel-Marie, du Pré-Saint-Gervais

Mon cher Michel-Marie, comme je vous comprends ! La femelle n’est pas souvent à prendre avec des pincettes dans ces périodes.
Combien de soldats, combien de trouvères, ont dû subir le courroux irraisonné de ces furies ? J’ai bien connu, au régiment, un fort des Halles dont toute la chambrée avait peur, tant ses bras dépassaient la circonférence de jambonneaux. Il lui arrivait de se mettre en colère si fort qu’un jour il troua un pan de mur en y écrasant une mouche. Bref. Il perdit définitivement toute crédibilité lorsqu’il nous raconta, au retour d’une permission,
qu’il avait voulu entreprendre sa femme d’une gâterie inédite dont il avait eu vent dans une revue interlope. Ne fut-il pas ébranlé lorsque celle-ci lui refusa tout net, et d’un ton plein d’aigreur, lui rappela que cela lui apprendrait de prendre ses permissions « aux mauvais moments » ?
Pour faire bonne mesure, la mégère le battit comme plâtre avec sa babouche, et il ne put porter son béret convenablement pendant deux semaines tant le cuir lui brûlait.

Tout cela pour vous faire comprendre, mon cher Michel-Marie, que vous êtes bien dans la panade.
A le dire tout net, à moins que vous ne preniez à la hussarde vos vieux camarades de caserne une semaine par mois, vous êtes bien mal parti.
Et encore, les vieux camarades de caserne, ça va un temps. Ce n’est pas pour rien qu’il y a « vieux » dans le terme.

Vous pourriez, tout d’abord, vous livrer au sport.
Rien de tel pour se vider d’énergies négatives, et lorsque vous retournerez vers votre épousée, vous serez encore plus vigoureux.
Évitez néanmoins les activités qui nécessitent le port de pantalons moulants. Lors d’une période de frustration intense, il serait
regrettable qu’un gentilhomme impose la vision de son insoutenable priapisme à ses camarades. De même, l’équitation n’est guère conseillée, à moins que vous en ayez assez de vous reproduire.

De l’autre côté du spectre de vos possibilités, vous pouvez vous jeter dans la boisson.
Je ne vous conseille pas de chahuter sensuellement vos anciens camarades du régiment, certes, mais rien ne vous empêche de vous mettre carpette en leur compagnie. En effet, qui mieux qu’eux pourraient comprendre votre désarroi, et quelle compagnie meilleure que celle de vos fiers briscards pour oublier les tourments liés à la gent féminine ? Attention toutefois, à ne pas pousser le bouchon de fine champagne trop loin.
Être poussé à aller hurler « Saloooooooooooooope !!! » sous vos propres fenêtres n’est guère une fin de soirée reluisante.

Il vous serait utile, évidemment, de prendre maîtresse en choisissant convenablement celle-ci afin que ses cycles ne coïncident jamais avec ceux de votre femme. Mais d’une part, je trouve cette habitude répugnante, et indigne d’un homme ayant juré fidélité à sa tendre fiancée.
De plus, vous voyez-vous faire passer un discret questionnaire à la gourgandine de votre choix, afin qu’elle coche ses indispositions sur un calendrier ?
Non, ce ne sont pas des choses qui se font, sacrebleu.

Par contre, vous avez la possibilité d’aller aux putes.
Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, ces demoiselles sont toujours d’avenante compagnie, c’est bien connu.
Et entre nous, honnêtement, qui d’une professionnelle ou de celle qui partage votre couche s’y connaît le mieux dans l’affaire, hein ?
Vous m’avez compris. Je gage, de plus, que si votre femme l’apprenait, elle en serait bien plus rassurée que si vous fréquentiez une mondaine ou que vous partagiez une trop grande intimité avec votre bon vieux Léopold.
Bien moins chère qu’une maîtresse, qu’il faut entretenir toute l’année, plus efficace et moins pénible qu’un entraîneur de savate, la fille de joie vous procurera distraction, plaisir et chaleur humaine pour un coût modique et dans un temps record.

Et si vous allez au One Two Two, dites que vous venez de la part du « Baron Bravache », on vous fera un prix.

Bien des choses à votre épouse,

Le Docteur Howdy

5 commentaires sur “Dr Howdy – Des phases lunaires

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    1. Hélas, j’ai fait ce qui s’appelle une programmation d’articles pendant que je suis pas là. C’eût été cocasse néanmoins.

  1. On peut écrire au docteur Howdy? il m’a l’air fort habile à déloger les cailloux de la déconvenue qui se glisse dans la botte de la vie.

    1. Je suis certain que si vous me transmettiez vos soucis, il se ferait fort de vous répondre lorsque je lui soumettrais.

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